Les parents sont tous deux issus d'anciennes et solides familles paysannes de Pradines. Marcelle entame et poursuit, notamment à Toulouse, d'excellentes études secondaires, au cours desquelles elle manifeste des dons particuliers pour les disciplines littéraires. Après son baccalauréat elle entre, toujours à Toulouse, en classe préparatoire à l'École Normale Supérieure de Sèvres.
Enfant, puis adolescente, elle passe régulièrement ses vacances à Pradines chez ses grands-parents Capy auxquels elle voue une affection particulière. Elle s'attache à leur vieille demeure située sur un éminence, face à la vallée du Lot, en aval du bourg. Tous les siens la dénomment "Malte". Elle deviendra plus tard sa propriété. Son amour du vieux mas durera autant qu'elle.
Vers la dix-huitième année, une rencontre avec Jean Jaurès lui révèle sa véritable vocation : elle sera écrivain, journaliste et militante. Dès lors, dans ses livres, ses conférences, ses articles, elle soutient un triple combat :
· pour la paix, en dénonçant l'horreur et l'absurdité de la guerre
· en faveur de la femme, en soulignant son rôle fondamental dans la société moderne, qu'a révélé avec éclat la guerre de 1914
· vers un socialisme humanitaire, de caractère surtout moral et philosophique, en prônant le devoir de solidarité et de compassion actives envers les individus qui souffrent et les peuples demeurés dans la misère.
En 1916, elle publie, sous le nom de Marcelle Capy, son premier ouvrage, préfacé par Romain Rolland : "Une voix de femme au-dessus de la mêlée". Toujours dans la période d'entre deux guerres, elle fait paraître "La défense de la vie" (1918), "L'amour Roi" (1925), et son ouvrage majeur "Des hommes passèrent...", couronné du prix Séverine. Ce roman raconte le passage, dans les familles de Pradines, de prisonniers allemands venus remplacer, aux travaux de la ferme, les hommes partis au front. Hymne à la réconciliation et la compréhension entre deux peuples ennemis, il est marqué d'une qualité d'écriture qui l'égale aux meilleures oeuvres littéraires de l'époque.
En marge de son travail d'écrivain, Marcelle Capy poursuit une carrière de journaliste, engagée dans le combat politique et philosophique, non sans revenir, fidèlement, à l'évocation de la vie paysanne qui demeure au centre de sa pensée et de son coeur. (On pense à Giono). Elle collabore à de nombreux journaux, notamment à "La Vague", hebdomadaire pacifiste, voir antimilitariste, dirigé par le député socialiste Pierre Brizon qui deviendra, un temps, son deuxième mari. Après la deuxième guerre mondiale, elle fait paraître deux nouveaux romans : "La vie tient à un fil" et "L'Égypte au coeur du monde". Elle rapporte de dernier d'un voyage en Égypte où elle s'est rendue auprès de sa soeur aînée, Jeanne Marques, femme cultivée, elle même journaliste et conférencière, liée aux milieux intellectuels, artistiques, de tendance progressiste, d'un pays qui s'éveille au monde moderne.
A partir des années 1950 elle se retire à Pradines, dans sa chère maison de Malte, vétuste certes, mais parée de couronnes qu'elle lui tresse volontiers. Désormais confrontée à une situation matérielle très modeste, malade et quelque peu oubliée, elle meurt en janvier 1962, après s'être rapprochée, au soir de sa vie, de la foi chrétienne, celle-là même de ses grands parents maternels.
Son existence aura été riche de traverses (elle connut deux mariages malheureux, sans enfants, la détresse et la solitude), mais éclairée par le succès, la notoriété, la fréquentation de personnalités brillantes de la littérature et de la politique (Barbusse, Romain Rolland, Joseph Caillaux, Anatole de Monzie), les voyages de conférences en Europe, aux États-Unis, au Canada.
Ce qui donne un sens à cette vie, ce sont la force, la sincérité, la constance d'une généreuse conviction, servie par le talent d'une véritable femme de lettres.
sources : Docteur Pierre Gayet, Quercy.net
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