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jeudi 1 mars 2012

Rugby : les femmes s'en mêlent! et vous ?


Même s’il y a autant de facons d’aimer le rugby que d’hommes et de femmes, il ressort de ma fréquentation du milieu ovale (et de ses femmes ;o))) quelques typologies (qui ont aussi leur pendant masculin). Je n’évoque pas ici les femmes qui vivent le rugby par procuration (télespéctatrices ou compagnes de joueurs qui restent à la maison à l’heure du match). Ici, je n’évoque que les femmes qui viennent au stade. Sans que ces types de « femmes du rugby » ne soient figés, je distingue quelques archétypes :

L’ovalienne: Elle est née dans le sérail. Pour elle, le rugby, c’est une affaire de famille. Fille ou sour de rugbyman, elle est au stade comme chez elle. Elle soutient son équipe, critique l’arbitre, fustige le mauvais geste de l’adversaire envers l’un des siens. Car évidemment, par extension, l’équipe, c’est un peu sa famille, un groupe de gars dont elle appelle chacun par son prénom. Pas impressionnée par une arcade ouverte ou par la civière, elle goûte le spectacle avec la même fidélité sous la neige que sous la canicule. Après le match, elle va se boire un petit verre au club-house, va faire une bise à deux-trois joueurs et au président qui lui demandera des nouvelles de ses parents, puis rentrera chez elle, satisfaite d’avoir passé un bon dimanche. Une fois par an, elle essaiera de monter à Paris, pour le Tournoi ou pour la finale. Une fois par an, elle va aux fètes de Dax, et se prend sans sourciller des douches au rosé de Navarre sous la tente des Cantadores.

La néo-ovalienne :
Elle, elle n’est pas du « milieu ». Le rugby, elle n’y connaissait rien, jusqu’à ce qu’elle rencontre, un soir où elle était en boite avec des copines, un groupe de rugbymen. Ils étaient marrants, comme un groupe de grands gosses, groupés autour d’un pichet de vodka-pomme. L’un d’entre eux avait l’air plus timide que les autres, il avait de beaux yeux. Elle s’était lancée et l’avait invité à danser. Il s’était exécuté de bonne grâce, et ses copains l’avaient bruyamment chambré à la fin du slow. Puis ils s’étaient revus chez des amis communs. Depuis, son copain est un joueur de rugby. Au club, tout le monde ne connaît pas encore son prénom, et il est même arrivé qu’on l’appelle par un autre prénom que le sien (sans doute celui de l’ancienne copine de son héros en short). Elle a « épousé la cause », et fait un réel effort pour y comprendre quelquechose. Dans les tribunes, elle s’assoit à coté de la secrétaire du club, celle dont les deux gamins « jouent devant ». Elle essaie de savoir la différence entre un premier et un deuxième centre, de suivre le ballon des yeux dans les regroupements, elle s’interesse. Elle a encore du mal à ne pas se mordre les levres quand son homme encaisse un placage, ou qu’il saigne du nez. Le rugby, elle n’est pas sûre d’aimer vraiment ça, mais comme ça va avec son chéri, elle prend tout, car elle aime tout de lui.

La technicienne :
C’est le jeu qui l’interesse. Elle connaît tous les gestes de l’arbitre, connaît la règle de l’avantage, est au courant des rumeurs de transferts des grands clubs. Elle lit la presse du rugby au bureau, et ca n’en finit pas d’étonner ses collègues. Elle n’a jamais joué, mais s’interesse au rugby comme l’entomologiste s’interesse à une fourmilière.C’est un sujet d’interêt comme un autre. Et puis, il y a le spectacle et le fameux « état d’esprit ».

La Rugby-girl :
Elle est joueuse. Ses frères jouent, et son père est dirigeant. Un jour, une copine du lycée lui a proposé d’intégrer une équipe de filles qui se montait dans le coin. Elle savait bien qu’il y avait du rugby féminin, mais elle reprenait à son compte, par ignorance, tous les poncifs machos entendus ça et là : « C’est pas un sport pour les femmes, enfin, pas les « vraies ». Le rugby féminin, avant qu’elle en fasse, c’était, à ses yeux, un ghetto de camionneuses et de lesbiennes. Et puis, lasse de courir toute seule, elle a espacé ses séances d’athlé pour rejoindre ses copines, et petit à petit, ça lui a plu. Sa mère l’a laissée faire, tout en redoutant un peu qu’elle n’attrappe une blessure faciale : « Pour une femme, ça passe moins bien que pour un homme ». Elle joue pour le plaisir, pas mécontente cependant d’avoir investi un bastion « masculin », insouciante du qu’en dira-t-on.

La touriste :
Son premier match de rugby, c’était à Biarritz, avec sa cousine qui habite là bas : Elle va au Pays Basque tous les ans, mais ce jour là, ils n’avaient pas pu se rendre à Saint-Sébastien comme prévu, à cause d’une grève des douaniers. Comme le mari de la cousine avait des invitations pour un match de rugby, elle s’était dit que ça ferait une sortie comme une autre. Et puis dans le sud-ouest, le rugby, ca fait partie du folklore, comme la pelote et la corrida.Le rugby, elle voit ça comme un spectacle brutal voire violent, proche de la Corrida ou de la boxe-thaï. Depuis, elle va au stade pour tressaillir, à la fois curieuse et admirative de voir « les coups qu’ils se prennent ».Elle est partagée entre l’admiration et l’imcompréhension. Les règles, elle ne les connaît pas, mais s’est déjà surprise à fustiger un joueur qui s’était pris un rouge, suite à une « générale ». Elle ne sait pas trop si c’est lui qui « avait commencé », mais en tout cas, il y allait de bon cour.

La safari-girl :
Elle, ce n’est pas trop le rugby qui l’interesse, c’est le rugbyman (la salooope!). Elle n’en connaît pas beaucoup, mais elle regarde un peu les matchs du XV de France à la télé (la chaudasse), et n’a pas manqué l’interview de Michalak à Stade 2. « C’est vrai qu’il est beau gosse ! ». On la trouve parfois, à la fin des matchs, à la sortie des vestiaires, humant les parfums âcres chargés de testostérone exhalés par les maillots trempés (mais ça, c’est déjà un cas limite-pathologique ;o)). Mais c’est surtout au club-house qu’elle se sent émoustillée : Elle est toute contente d’être admise dans le « parc à buffles ». Finalement, ce qu’elle aime, au rugby, c’est que les joueurs sont quand-même très accéssibles.Un jour, elle en emmenera un chez elle pour la soirée. On commencera par aller rue de la Soif, et puis.Tant pis s’il lui demande des spaghetti bolognese à trois heures du matin.